Thématique n°13
Évènementiel
Les 130 ans de la disparition de Gustave Caillebotte (1848-1894) sont une belle occasion de revisiter l’œuvre de cette figure majeure du mouvement impressionniste ; mais pas seulement – puisque l’artiste, héritier fortuné, aura aussi été un mécène capital – soutenant les amis peintres avec lesquels il partageait les mêmes convictions picturales révolutionnaires ; testament de Caillebotte en date du 3 novembre 1876 : « Je désire qu’il soit pris sur ma succession la somme nécessaire pour faire, en 1878, dans les meilleures conditions possibles, l’exposition des peintres dits intransigeants ou impressionnistes. »
Parlant de difficultés matérielles, plus tard idéalisées en créant le mythe d’une bohème qui fréquentait les cabarets de la butte Montmartre où l’on pouvait échanger une toile contre un repas ou une bouteille d’absinthe : nous pensons en premier lieu à Claude Monet, Auguste Renoir et Camille Pissarro ; car, de son côté, Berthe Morisot, co-fondatrice du mouvement impressionniste, bénéficiait des avantages du milieu très favorisé dont elle était issue…
Indépendant sur le plan financier, Caillebotte, peintre à la fois réaliste et impressionniste c’est selon, aura pu témoigner de la modernité de son époque sans se soucier des canons esthétiques dominants ; qui, au début de la Troisième République (1870-1940), contraignaient encore les artistes qui voulaient vivre de leur art à respecter des règles de pudeur imposées par l’Église…
– Ainsi, l’artiste se sera-t-il bientôt employé à décrire la ville de Paris remodelée par le baron Haussmann (1809-1891), créateur d’un nouvel urbanisme initié par Napoléon III, depuis les réseaux d’adduction d’eau et d’égouts jusqu’au percement des Grands boulevards et la construction de nouveaux immeubles : Caillebotte faisant entrer dans l’histoire de l’art occidental le célèbre balcon haussmannien…
Outre les transformations de Paris conduites sous le Second Empire (1852-1870), Caillebotte aura aussi observé les mœurs de ce Paris de la modernité au travers de la masculinité : depuis les ouvriers au travail, avec son iconique tableau intitulé Raboteurs de parquet faisant entrer le prolétariat urbain dans l’histoire de l’art : jusqu’aux très élégants bourgeois, en apparence dilettantes, portant des hauts-de-forme et déambulant entre les 8e et 9e arrondissements de la Ville Lumière ; transgressif, Caillebotte utilisera finalement la peinture tel son journal intime, peignant ici les membres de sa famille, là son cercle d’amis – surtout des rentiers dans leurs loisirs : dandys le plus souvent célibataires évoluant dans l’entre-soi masculin…
Le peintre a poussé l’audace jusqu’à représenter des hommes dans la sphère intime ; or, jusqu’à cette époque où l’idéal de la virilité militaire fondé sur le savoir-mourir pour la patrie dominait, c’était inédit d’observer cette nouvelle masculinité : l’artiste n’hésitant pas à exposer un homme nu à sa toilette – une thématique picturale jusqu’ici réservée à la gent féminine…
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