Raffaello Sanzio, dit Raphaël en français (1483-1520), contemporain de Léonard de Vinci et Michel-Ange avec lesquels le peintre aura formé la Trinité des grands maîtres de la Haute Renaissance, est connu pour avoir porté la peinture à son plus haut niveau de perfection académique… Travaillant à la confluence des questions philosophiques et théologiques, Raphaël s’est illustré dans la peinture sacrée avec ses célèbres Madones ; mais aussi, dans les arts visuels profanes, au commencement en représentant « Les Trois Grâces » – déesses du charme, de la beauté et de la créativité de la mythologie grecque…
Soumis aux Évangiles – mais, simultanément, acteur du mouvement de pensée humaniste fondé sur la réinterprétation des textes antiques : Raphaël a vécu lors de la remise en question radicale de notre perception de l’univers engendrée par la révolution copernicienne… Ainsi, quand Raphaël peignait, outre la découverte du Nouveau Monde et la Réforme : la Terre ne se trouvait-elle plus immobile au centre de l’univers comme c’était écrit dans la Bible, mais en rotation autour du Soleil ; le système solaire lui-même se déplaçant au sein de notre galaxie la Voie lactée…
Culminant au sommet de l’art du Cinquecento (le seizième siècle italien), la grande manière raphaélesque aura fait école, et conduit les académies européennes à codifier la manière de Raphaël afin de créer des canons esthétiques – qui ne seront pas contestés avant trois siècles… À propos de la disparition prématurée du peintre, Giorgio Vasari (1511-1574), le chroniqueur des grands artistes de la Renaissance italienne avait écrit : « Quand Raphaël mourut, la peinture devint aveugle. »